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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/444

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Il faut, cher ami, que je compte singulièrement, je ne dis pas sur votre affection, mais sur vos instincts poétiques, pour écrire ceci à un habitant du quai Saint-Benoît, qui n’aperçoit les tempêtes de la Saône qu’à travers des fenêtres bien fermées. Que voulez-vous ? je rentrais ému des belles choses que je venais de voir, et je vous ai écrit de l’abondance du cœur. Cela ne vaut-il pas mieux, après tout, que si je vous avais écrit avec la même abondance dans un de ces jours de tristesse où je vois tout en noir, où je rêve ma carrière perdue, une triste existence de malade, et ma famille abandonnée à tous les hasards du plus sombre avenir ? Car c’est là, cher ami, ce que je rêve beaucoup, et c’est pourquoi je vous demande de faire encore prier pour moi.

Adieu, conservez au pauvre exilé cette amitié si douce qui ne lui manqua jamais aux plus mauvais moments de la vie.