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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/446

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taura de regnos. Je n’ai qu’un regret profond, c’est d’y être sans toi.

Toutefois il ne faut pas croire que ce voyage puisse avoir du charme pour d’autres que pour des pèlerins de profession ou des Juifs errants comme nous. Après avoir revu Saint-Sébastien où j’ai bien soupiré à ta pensée, on tourne le dos à la mer et l’on s’engage dans une vallée semblable à toutes celles des Pyrénées, bordée de jolis mamelons et arrosée d’un gave capricieux. On continue de la sorte jusqu’à Tolosa qui ne doit pas te laisser de regrets c’est un gros bourg sans caractère et surtout recommandable par les usines et les forges du voisinage. À partir de là, le pays devient plus âpre, la monté plus roide ; on attelle des bœufs, on prie MM. les voyageurs de mettre pied à terre, on fait si bien que vers trois heures du matin on est à sept cents mètres au-dessus du niveau de la mer, et l’on y reste jusqu’à Madrid. C’est au lever du jour que ce plateau de la Castille nous est apparu dans toute sa grandeur et toute sa tristesse. Nous arrivions à Miranda de Ebro, c’est-à-dire au bord de l’Ebre qui n’est encore là qu’un large torrent. À droite, dans le lointain, on voyait les Montagnes noires d’où il descend ; à gauche courait une autre chaîne dont les arêtes se découpaient aussi durement sur un ciel nuageux. Entre ces montagnes une plaine sans arbres et dépouillée de ses moissons autour de nous une misérable bourgade,