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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 11.djvu/481

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amis. Si mal que je pense de moi-même, je ne puis croire qu’il m’ait créé pour ne rien faire, lorsqu’il me fait connaître l’un après l’autre les plus grands chrétiens de mon temps et les âmes les plus choisies. Leur affection, vous avez raison de le dire, me soutient et m’encourage elle m’aide à soutenir des épreuves, proportionnées, d’ailleurs, à ma faiblesse. Même ces dernières inquiétudes de santé commencent à s’évanouir. Les organes sont remis, et les forces, qui manquaient surtout, sont assez revenues pour supporter le long voyage de Bayonne à Pise. Nous avons été un peu battus sur divers éléments  : terris jactatus et alto ; et la mer nous a jetés à Livourne mouillés comme des naufragés ; mais enfin nous voici sains et saufs nous avons pu rendre nos actions de grâce sous les voûtes de cette admirable cathédrale, et nous attendons maintenant que le soleil qui la dore et la conserve achève de me fortifier et de me rajeunir.

...Je voudrais vous parler de l’Italie, mais j’y mets seulement le pied, et je commence à connaître assez ce beau et trompeur pays, pour savoir qu’il faut s’y défier des premières impressions. Seulement, j’ai vu à Gênes les catholiques, fervents, mais animés d’un esprit de prosélytisme que naguère on n’y connaissait pas. Il m’a semblé que là, comme ailleurs, le vent de la tempête a la vertu de porter les bonnes semences, que l’Église