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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/115

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les trois monastères d’Anegrai, de Luxeuil et de Fontaines. En effet, ces colons du désert avaient attiré un grand nombre de disciples par le spectacle de leurs vertus, par le triomphe du travail et de la prière sur la stérilité du sol et les terreurs de la solitude. On croyait que toute la nature était soumise à des hommes qui avaient chassé les ours et fécondé les rochers ; lorsque saint Colomban traversait les forêts voisines, on disait que les oiseaux venaient se jouer autour de lui, et que les écureuils descendaient des arbres pour se poser sur sa main. Il ne faut pas s’étonner si les cœurs ne résistaient pas à une parole qui touchait les bêtes sauvages, si de tous côtés les nobles amenaient leurs fils, et si, la communauté s’accroissant chaque jour, au bout de vingt ans-ce foyer commença à percer de ses clartés les ténèbres de l’Église franque et à troubler le sommeil du clergé. C’est ce qui paraît par une lettre où Colomban repousse les accusations portées contre lui touchant sa manière de célébrer la Pâque, et, félicitant les évêques de s’être assemblés en synode, les exhorte à se réunir plus souvent, à convoquer chaque année les conciles prescrits par les canons, à tenir enfin les fervents en haleine et les tièdes dans la crainte[1].

  1. Vita S. Columbani , auctore Joan. Bobbiensi, ap. Mabillon, Acta SS. 0. S. B., t. II. — S. Columbani Epistola 2, apud Biblioth. Patr. Max. XII.