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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/290

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sit au cœur même de la Germanie païenne les colonies du clergé anglo-saxon, en même temps qu’il l' introduisait la discipline dans l’Eglise des Francs. Après lui, la réforme ecclésiastique fut poursuivie par le cétèbre Alcuin, venu d’York pour gouverner l’école de Tours, où ses leçons firent refleurir la science sacrée, la pureté du dogme et la régularité des mœurs. D’autres émigrés de la même nation succédèrent aux travaux de saint Boniface chez les barbares. Nourris de ses enseignements, ce qu’ils voulaient des peuples, c’étaient les âmes, et non les dimes. Ils ne traînaient à leur suite ni meutes de chiens ni troupes de soldats, et ils n’aimaient à verser de sang que le leur. Quand donc Charlemagne, se croyant maitre de la Saxe, voulut pourvoir à la prédication de l’Évangile, ces intrépides étrangers se trouvèrent aux premiers postes ; et, dans la circonscription qu’il leur traça d’abord, il confia l’Ostphal à l’Anglo-Saxon Willehad, qui fut évêque de Brème ; le Westphal, au prêtre Liudger, né en Frise, mais élevé aux écoles d’York ; l’Engern, aux religieux de l’abbaye de Fulde, encore toute pénétrée des traditions monastiques de la Grande-Bretagne. Il faudrait voir maintenant comment l’effort commun de la parole et de l’exempte finit par ébranler les barbares. On voudrait suivre de près ces vies laborieuses, qui s’épuisèrent dans l’obscurité, dans les privations et les périls, pour donner naissance à une société nouvelle. Mais le plus grand