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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/336

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qu’elles aimaient, pour les soumettre à un régime actif et laborieux : la prédication y pourvoyait encore. On se rappelle les conseils de l’évêque Daniel, et ces questions dont il veut qu’on presse les païens : a Si le monde a eu un commencement ? et, s’il a commencé, qui l’a créé ? S’il fut toujours, qui donc le gouvernait avant la naissance des dieux ? S’il faut servir les dieux pour une félicité présente et temporelle, ou pour un bonheur éternel et futur ? » Ces interrogations ne laissaient pas de relâche aux esprits ; elles les poussaient au doute comme à une révolution morale, d’où ils sortaient libres. Il ne faut pas croire qu’on ne les affranchit de la servitude païenne que pour les remettre sous un autre joug. Nous avons quinze homélies de saint Boniface à ses disciples ; il n’en est pas une où le maître ne respecte cette liberté naturelle de la raison, qui ne se rend qu’à la vérité reconnue (1). Le dogme enseigné s’interprète et se développe, ses conséquences ne s’arrêtent plus elles mèneront les esprits plus loin qu’ils ne croient. On a reproché au christianisme d’être allé chercher des peuples paisibles qui ne songeaient à rien, et d’avoir tourmenté les hommes. Le reproche est vrai, mais il est glorieux. Une fois établi dans les intelligences, le christianisme ne souffrait plus qu’elles s’endormissent. Il les occupait de lui d’abord, puis de