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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/347

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toutes les traditions bibliques, la poésie dés psaumes et des prophéties, les récits du Nouveau Testament, les actes des martyrs, l’éloquence des Pères, les travaux liturgiques de saint Ambroise et de saint Grégoire, avec l’essor que la musique donne au sentiment, avec le soutien que la peinture prête à la pensée, avec tout le pouvoir de l’architecture religieuse, pour retenir dans ses murailles l’âme enchantée, lui faire oublier le monde, et l'élever à Dieu. Le culte chrétien, formé de tant d’éléments, empruntant aux langues, aux arts, aux sciences de l’antiquité, ne pouvait se communiquer aux peuples barbares, qu’en leur communiquant une grande partie de la civilisation.

Le christianisme commence la littérature des nations germaniques.

Voilà comment le christianisme réformait la personne immortelle. Mais les doctrines fortes sont exigeantes quand elles se rendent maîtresses des âmes, elles ne s’y contiennent pas. Ce n’est pas assez qu’elles remplissent les pensées ; il faut qu’elles passent dans les actes, qu’elles se fixent dans les œuvres elles ne sont satisfaites qu’en se trouvant reproduites par des monuments durables. Ainsi, quand la foi chrétienne eut pénétré les esprits des Germains, elle ne leur laissa pas de repos ; elle les mit à l’ouvrage dans les sciences, dans les arts, dans les lettres. Elle les poursuivait au fond des bibliothèques, des abbayes ; sur les chantiers où le ciseau façonnait les pierres des églises ; au milieu des fêtes populaires, où il fallait des chants nou-