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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/393

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étant venu à Rome pour rétablir la paix, comme il était entré dans la basilique de Saint-Pierre, et qu’il y priait prosterné devant l’autel, le pape lui mit sur la tête une couronne, pendant que tout le peuple remplissait l’église de ses acclamations, et s’écriait « À Charles-Auguste couronné de Dieu, grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire[1]! »

Toute la pensée du temps était dans cette acclamation le droit de Dieu, de qui toute souveraineté descend le droit du peuple, qui la délègue au plus digne ; l’élection d’un barbare victorieux, mais pour restaurer l’empire pacifique d’Auguste. L’Occident applaudit avec le peuple de Rome ; les impuissantes réclamations de la cour d’Orient se turent bientôt. Ce fut un de ces moments solennels, où le présent est assuré de la sanction de l’avenir et Léon, certain d’avoir accompli un de ces grands actes par lesquels le pontificat devait traduire à la terre les arrêts du ciel, en voulut immortaliser le souvenir dans l’éclatante mosaïque dont il décora le triclinium du palais de Latran. Il s’était proposé de fixer

  1. Je ne crains pas de substituer ici une pensée moderne aux sentiments des contemporains. C’est le langage même des annales de Moissac. « Quod apud Grœcos nomen imperatoris cessasset, et fœmineum imperium apud se haberent... visum Leoni et universis sanctis patribus... seu reliquo populo christiano, ut ipsum Carolum imperatorem nominare debuissent, quia ipse Romam matrem imperii tenebat... seu reliquas sedes, puta Mediolanum, Trevirim et caeteras. ideo justum esse videbatur ut ipse cum Dei adjutorio et universo populo christiano petente, ipsum nomen haberet. »