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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/584

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ses devoirs. Ce langage n’est pas d’un prince qui regarde les lettres comme une vaine décoration de son règne ; qui entretient des savants dans le palais, comme il a des bêtes curieuses dans ses jardins. Le rétablissement de l’étude est, à ses yeux, plus qu’un bienfait politique ; il en fait une affaire de religion. Chaque fois qu’il visite Rome, il en rapporte, avec un zèle plus ardent pour le christianisme, je ne sais quel impérieux besoin de presser le réveil des esprits. Sa pensée éclate enfin dans la mémorable lettre qu’il adresse aux évêques et aux abbés en 787, au retour de son troisième pèlerinage. On y surprend bien, sous l’embarras du discours, l’effort d’un grand dessein qui se débat contre un reste de barbarie, et qui en triomphera.

« Charles, par la grâce de Dieu, roi des Francs et des Lombards, patrice des Romains, au nom du Dieu tout-puissant, salut. Sache votre Dévotion agréable à Dieu, qu’après en avoir délibéré avec nos fidèles, nous avons estimé que les évêchés et les monastères qui, par la grâce du Christ, ont été rangés sous notre gouvernement, outre l’ordre d’une vie régulière et la pratique de la sainte religion, doivent aussi mettre leur zèle a l’étude des lettres, et les enseigner à ceux qui, Dieu aidant, peuvent apprendre, chacun selon sa capacité. Ainsi, pendant que la règle bien observée soutient l’honnêteté des mœurs, le soin d’apprendre et d’enseigner mettra l’ordre