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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/106

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qu’elles trouvent à la fois la source, la mesure et la preuve du progrès social. Nous pouvons donc réunir ces doctrines sous le nom général de philosophie rationaliste et les soumettre ensemble à un rapide examen.

Et d’abord, de quelle manière la raison peut-elle reconnaître l’existence d’une loi de progrès ? Elle a, dit-elle, interrogé la nature, et dans les entrailles du globe elle a découvert les traces d’une lente et successive élaboration ; elle a vu les choses créées former entre elles une vaste hiérarchie dont la madère brute est la base, et l’homme le couronnement; elle a même remarqué que chaque animal n’arrivait au degré de perfection assigné à son espèce qu’après avoir parcouru tous les degrés inférieurs de l’animalité et elle en a conclu que la loi du progrès est la loi de la nature. Pourtant n’aurait-elle pas dû s’apercevoir que depuis de longs siècles les révolutions du globe ont eu leur terme ;qu’après avoir fait l’homme le Grand Ouvrier s’est reposé que toute créature est captive dans de certaines limites d’espace et de temps; que les corps célestes roulent dans une orbite fermée, et que ce serait folie, pour avoir vu le soleil monter sur l’horizon aux heures qui suivent l’aurore, d’annoncer que cet astre ne se couchera pas ? La raison a cherché dans l’histoire des présages plus favorables et plus sûrs elle a remonté le cours des âges, elle a surpris le genre humain