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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/35

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sèrent , non point couché dans une tombe comme le vulgaire des morts ; mais assis sur un escabeau, enveloppé dans son manteau, et la main sur son épée. Quatre ans après, doña Chimène fut ensevelie à ses pieds. « Et, quand le bon cheval Babieça mourut aussi, l’écuyer qui en prenait soin, ne pouvant l'ensépulturer dans le monastère, l’enterra à la porte à main droite, et planta deux ormes, l’un aux pieds, l’autre à la tête, et ces arbres devinrent très-grands. » Plus tard le roi Alfonse X éleva au Cid un tombeau dans le chœur de l’église, avec cette inscription, qui sent plus le soldat que le grand clerc

Belliger, invictus, famosus morte, triumphis,
Clauditur hoc tumulo magnus Didaci Rodoricus.

Mais les siècles n’ont pas épargné le monument du Cid. Les bénédictins de Cardeñas le transférèrent du choeur à la sacristie, de la sacristie au chœur, puis à la chapelle de Saint-Sisebut. En même temps le vandalisme des restaurations modernes défigura l’église. Ce fut merveille qu’on laissât au portail la statue équestre du Cid, foulant aux pieds de son cheval un Sarrasin. Cependant le vieux banni ne devait pas trouver d’asile assuré contre les caprices des hommes. Les Français emportèrent sa tombe à Burgos pour en décorer la promenade publique. La Restauration la rétablit sous les voûtes de Saint-Pierre. Enfin,