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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/457

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Saint-Alban, et s’assit, courtisan impur, sur le siège de Thomas Morus.

Il était arrivé à l’apogée de ses espérances la Providence le plaçait au poste d’honneur, et sur les frontières pour ainsi dire de la prérogative royale et des libertés publiques ; il se voyait environné de la double majesté du monarque et de la nation ; cependant il ne comprit ni la grandeur ni le devoir de sa nouvelle dignité, il ne parut se soucier que de deux choses, assurer sa position et remplir ses coffres. Robert Carr, comte de Somerset, le premier favori de Jacques, avait fait place à George Villiers, qui devint bientôt marquis et duc de Buckingham, et maire du palais sous ce roi fainéant ; Bacon se tourna du côté de l’astre nouveau qui se levait sur l’horizon, travailla à la perte de Somerset, pour s’attacher par d’indissolubles liens à la fortune de Buckingham. Il se fit une gloire d’imprimer son nom avec le sceau du roi sur les diplômes qui donnèrent des titres magnifiques et des pouvoirs exorbitants à ce présomptueux parvenu. Il l’aida à enrichir ses parents et ses créatures par des concessions de monopoles qui écrasaient le commerce. Il alla même jusqu’à s’occuper des domaines du favori et se faire son intendant. En même temps, le luxe dont il aimait à s’environner engloutissait des sommes énormes. Il avait si longtemps baissé les yeux devant ses supérieurs, qu’il se plaisait maintenant à éblouir de