Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/493

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perte. De ces deux alternatives choisir la dernière était un choix héroïque et, s’il y a une heure de trop dans la vie de Thomas, c’est celle où il tomba, ce n’est point celle où il se releva de la sorte. Et d’abord il refusa de sceller son ignominie en signant ces coutumes de triste mémoire : il fit comme si elles n’existaient point, comme si cette assemblée de Clarendon n’était que le rêve d’une mauvaise nuit ; il se fit cet honneur à lui-même, au prince, à l’Angleterre, de la croire toujours libre il agit comme si elle l’était. Il exerça dans son diocèse tous les droits qu’avaient exercés ses prédécesseurs et plusieurs de ceux que leur négligence avait laissés s’éteindre ; il frappa à coups redoublés sur tous les abus, en quelque lieu qu’ils se rencontrassent. À ce bruit, Henri, qui s’était endormi dans sa victoire, se réveilla il vit que son captif lui échappait, et témoigna de son dépit par des vexations de plus d’un genre. L’archevêque, averti de quelque chose de sinistre, essaya deux fois vainement de quitter l’Angleterre : le roi le sut, et demanda si le royaume n’était pas assez grand pour eux deux. Les courtisans ne manquèrent pas de répondre que Thomas voulait y commander seul ils parlèrent de ses vastes desseins, de son inflexible volonté. Ils le firent paraître comme un fantôme qui tournait autour du trône, épiant l’heure de s’y asseoir. L’ombrageux Henri, depuis longtemps indisposé par le changement de vie de