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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/501

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avait été débattue avec des fortunes diverses. Mais jusqu’ici tout s’était passé à huis clos, et, si les choses en fussent restées là, les peuples, dont les yeux ne pénétraient pas encore dans les palais des rois, n’eussent point su ce qui avait été fait pour eux. L’histoire elle-même n’y aurait vu qu’une dispute entre deux hommes, une querelle entre un prince et un prêtre dans un coin de l’Europe. Le beau caractère de Thomas de Cantorbéry se serait perdu parmi la multitude de ces vertus ignorées, qui, à chaque siècle, traversent la terre sans y laisser d’autres traces que celles de leurs bienfaits. La Providence ne voulait point qu’il en fût ainsi elle avait préparé pour cette génération un grand spectacle. Il fallait que la scène devînt plus vaste, il fallait que les peuples s’éveillassent pour voir, entendre et s’instruire : il fallait que les deux adversaires parussent, non plus comme les avocats de quelques droits individuels, comme les héritiers d’un trône ou d’un siége isolé, mais comme les représentants de deux principes ; il fallait que l’Europe se rangeât à droite et à gauche, et se partageât entre eux, afin qu’ils fussent les délégués de deux factions rivales de l’humanité. Tous d’eux étaient présentement dignes de leur rôle et dignes aussi l’un de l’autre. En la personne d’Henri, l’esprit de tyrannie s’était élevé par degrés à sa plus haute puissance. Il avait pensé d’abord tirer vengeance d’un homme obscur, d’un