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Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/86

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nement son idée créatrice. Mais l’art chrétien ne se repose jamais, parce qu’à ses yeux ce qu’il a fait n’est pas bien et demeure éternellement au-dessous de l’idéal.

Je ne puis pas oublier le cloître tout habité de morts illustres et silencieux, et de vivants obscurs mais très-bruyants. Voici les images de saint Ferdinand et de sa femme Béatrix. Après eux une longue suite de saints, d’évêques, de jurisconsultes. Mais voici en même temps un essaim de Seigneurs étudiants, qui vont toujours enfoncés dans leurs manteaux, répétant à haute voix leur leçon. Heureusement la leçon est latine, et si les pauvres morts en entendent quelque chose, rien ne leur prouve qu’ils ont changé de siècle.

Je ne vous entrainerai pas dans la visite des chapelles autant vaudrait dénombrer avec Homère les vaisseaux des Grecs ! Mais comment tairais-je l’oratoire de Saint-Grégoire et celui du Crucifix, avec les belles légendes qui s’y rattachent ? La chapelle de Saint-Grégoire conserve la châsse de sainte Casilde, l’une des patronnes de la Vieille-Castille, et dont l’histoire rappelle ces temps où deux religions, deux peuples, vivaient sur le même sol dans une lutte éternelle. Donc, an onzième siècle, le roi musulman de Tolède avait une fille uniquement aimée : Casilde était son nom. Au milieu des fêtes dont son père l’entourait, elle se prit de pitié pour les prisonniers chrétiens qui languissaient dans les