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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/112

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tort, tous les deux, de se faire un cassement de tête d’une si petite affaire.

Séverin, un peu calmé, changea de chemise et sortit dans le jardin, où Delphine ne tarda pas à le rejoindre ; toute la soirée, il bêcha sans desserrer les dents.

À la nuit tombée, quand les hommes des creux-de-maisons furent rentrés et qu’ils surent comment Pâtureau, relevant une injure qui les atteignait tous, avait corrigé le gars des Marandièrcs, ils approuvèrent bruyamment. Tous détestaient Frédéric et ils eussent souhaité une correction plus complète ; même, l’un d’eux, le Surot, un fort en gueule, tantôt valet, tantôt scieur de long, ricana :

— À ta place, je n’aurais pas jeté ma fourche, non ! s’il s’était amené, je l’aurais enfilé comme un barbot.

Maufret haussa les épaules :

— Tu dis des bêtises, Surot ; s’agit pas d’abîmer les hommes.

Puis, se tournant vers Séverin :

— Tu as fait tout ce qu’il fallait, mon vieux, peut-être même que tu en as trop fait. As-tu ton argent ? Tu n’as pas ton argent ?

— Vous pensez, Maufret, que j’ai songé à autre chose, quand ils se sont jetés sur mon dos comme des bêtes.

L’autre crachota :

— Ils te feront des misères ; je les connais, les grippe-sous. Tu as cogné ; ils te menaceront d’un procès pour ne rien donner ; ils savent que nous avons toujours tort devant le juge. Faut pourtant que tu sois payé !