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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/117

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— T’es fou, Fédéri ! Serre ça !

De sa main couverte de lavures, elle agrippa un louis ; alors Maufrette ramassa vivement le reste et le mit dans la poche de Delphine.

— Ça ne fait pas le compte ! tu vas lui donner ses quarante francs, dit-elle.

— Vingt francs, rectifia l’homme ; c’est vingt francs que je lui donnais en plus, mais la mère ne veut pas ; tant pis ! ça ira comme ça. Maintenant, allez-vous-en, les femmes.

Elles sortirent du côté de l’aire ; quand Delphine eut dépassé le fumier, elle s’arrêta :

— Maufrette, venez donc ! venez donc, voyons !

Mais Maufrette avait encore des mots à dire, des mots fort vilains qu’elle lâchait par courtes volées, car elle avait un peu d’asthme. Elle était restée en arrière ; elle quittait la place lentement, à reculons, et l’ardeur qu’elle mettait à honnir la Loriote faisait tressauter son gros ventre et trembler sa poitrine molle.

Elle rejoignit Delphine au tournant de l’ouche.

— As-tu vu, fit-elle tout essoufflée, as-tu vu comme elle a raclé le louis d’or, cette vieille grâlée ? N’empêche que je lui ai donné tous les noms, va !

Aux Pelleteries, Séverin et Maufret attendaient avec inquiétude. Ils ne comptaient guère sur l’argent, et ils furent bien étonnés de voir ces cent quatre-vingts francs ! Quand elles racontèrent comment Frédéric les avait donnés, Maufret n’en crut pas ses oreilles, mais Séverin se mit à rire.

— Ça ne me surprend plus autant, moi, dit-il. Si