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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/164

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Elle l’interrompit.

— Tais-toi, les enfants dorment, pas de bruit !

Puis elle ajouta en le regardant :

— Eh bien, tu es joli !

— Ça ne m’a rien coûté, cria-t-il, pas un sou ! la clique boit à l’œil, toujours ! Et je leur ai poussé la dix-septième.. comme ça, tiens, écoute…

Elle se précipita et lui enleva le clairon.

— Veux-tu te taire ? tu es fou ! couche-toi vite… Georgette a été malade, tu sais !

— Hein ! Georgette ! Elle est guérie, Georgette !

— Non ; elle a eu la fièvre encore aujourd’hui : elle va mieux ce soir, elle dort ; couche-toi sans faire de bruit.

Elle lui enleva son chapeau, sa cravate et déboutonna sa blouse ; il la laissait faire, docile.

— Prends garde, fit-elle, en le poussant au lit, Louise est avec nous ce soir ; elle aurait gêné Georgette dans l’autre lit. Passe au fond si tu peux ; moi je coucherai de ce côté, ça sera plus commode si je dois me lever pour la petite.

Il se mit à rire.

— Ah ! mais non ! mais non par exemple ! ce n’est pas ça.

Et doucement, avec des précautions exagérées d’ivrogne, il entreprit de pousser Louise vers la ruelle.

Delphine cependant grondait en rangeant les hardes mouillées.

— Où est-il passé, mon Dieu ! où est-il passé pour s’être crotté ainsi ! Comme si on n’avait pas assez de