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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/217

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— Eh bien ! fit-il avec rondeur, pour en revenir à ce que nous disions, c’est donc une affaire entendue : vous prendrez un autre valet.

— Je ne peux pas. Je vous ai dit que nous avions fait marché la semaine dernière. Si vous voulez, je dirai à Pâtureau de ne plus braconner ; il m’écoutera peut-être.

— Je me fiche de ce que vous lui direz, je me fiche de votre marché, je veux qu’il parte et ça suffit. Vous ne comprenez donc pas ce que je vous dis ? Vous pouvez vous vanter d’avoir la tête dure.

Chauvin répondit encore :

— Non, je ne peux pas ; je le voudrais bien, mais c’est impossible ; un marché ne se défait pas.

— Alors, moi, propriétaire, je ne compte plus ? Ce sont des choses qui ne regardent que vous, pas vrai, Chauvin ? Eh bien ! je me souviendrai de ça ! et vous verrez ce qui arrivera !

Le vieux paysan releva la tête.

— Notre maître, je ne demande qu’à vous faire plaisir, mais cette fois vous voulez une chose qu’un Chauvin n’a jamais faite. Ce que j’en dis là, ce n’est point pour le valet, bien que ce soit un gars méritant. Mais quand j’ai fait un marché, quand j’ai tapé dans la main d’un homme en disant : « C’est tant », oh bien ! c’est tant ! et le marché tient toujours, qu’il soit bon ou qu’il soit mauvais. J’ai toujours fait comme cela depuis que j’ai l’âge de raison et je ne veux pas changer de mode à soixante ans… Voilà ce qu’il en est, notre maître ; à présent, il arrivera ce que vous voudrez.

Le rentier se leva, bredouillant des menaces.