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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/221

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du sang, en effet, avait goutté entre les planches disjointes.

— Je m’en doutais bien ! cria le vieux. Ah ! la crapule ! où l’a-t-il fourré ?

Les chiens aboyaient furieusement. L’un d’eux, d’un bond formidable, fut dans le tombereau ; tout de suite il fouilla dans les pommes de terre et découvrit le lièvre.

— Je le savais ! Je le savais ! hurla M. Magnon. Voleur ! tu es pris ! cette fois, cela va te coûter cher !

Séverin pensa :

— Ça y est ! J’ai eu tort d’écouter Florentin.

Il s’avança pourtant, son pic à la main.

— C’est à moi que vous parlez, monsieur Magnon ?

— Mais non, c’est au pape ! Ce n’est pas toi qui m’as volé ce lièvre ? Ose donc le dire !

— Je ne vous ai rien volé ; je trouve que vous lancez vos paroles… Ce lièvre est passé à ma portée, je l’ai tué d’un coup de bâton ; il est à moi, je pense.

— Il est à toi ! Tu vas le voir, canaille, comme il est à toi ! Ah ! tu ramasses le gibier devant ma chasse ! Qu’est-ce que tu dis ? C’est peut-être toi qui as cassé les pattes à ce lièvre d’un coup de fusil !

— Je ne savais pas que vous l’aviez tiré, moi ! Croyez-vous que j’ai le temps d’écouter s’il y a des gens qui chassent ici ou là ?

— Oui, oui ! je te connais ! Enfin, tu es pris ; j’ai des témoins. Et ce n’est pas trop tôt ; il y a assez longtemps que les gendarmes et les gardes le surveillent.

Séverin eut un sourire de mépris.