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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/50

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miné, il se coucha dans la grange sur une brassée de paille. Il y était depuis un petit moment et il allait s’endormir, quand il entendit la fille traverser la cour.

Elle se dirigea vers la grange, entra et referma le portail.

— Es-tu par ici ? murmura-t-elle.

Il ne bougea point.

— Es-tu là, voyons ?

Il faisait très sombre, et la fille ne distinguait rien. Elle s’avança de quelques pas et finit par le découvrir.

Alors elle s’approcha et, sortant son pied de son sabot, elle lui poussa l’épaule en disant : « Sous ! sous ! » comme on fait pour faire lever les bêtes.

— Finis, Mariche ! Finis !

Mais elle s’entêtait ; alors, il lui saisit la jambe, et elle tomba à genoux sur la paille, à côté de lui. D’étranges odeurs montaient d’elle : odeur forte de la sueur, odeur âcre des feuilles écrasées, odeur étourdissante du foin qu’on embarge.

Elle lui avait jeté ses bras autour du cou et elle offrait encore ses lèvres.

Alors, lui, jeune, finit par s’échauffer à cette volonté d’amour.

Ils eurent des rendez-vous épuisants au cœur des beaux dimanches.

Aussitôt la messe finie, Séverin revenait aux Marandières ; puis il s’en allait rejoindre la Marichette à l’orée des champs de blé. L’un devant l’autre dans les cheintres étroites, attentifs à ne pas renverser les épis,