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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/81

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criaient comme les hommes. Gênés par leurs beaux habits neufs qu’ils ne devaient pas salir, ils s’étaient d’abord tenus cois, regardant danser les autres ; mais Séverin les avait fait boire un peu, puis Delphine ; alors, eux, mis en goût, avaient réussi à boire encore ; ils avaient dû se verser tout seuls de belles rasades dans quelque coin et probablement aussi avaient-ils invité d’autres enfants, des gamines du village, venues là pour voir la mariée.

Tous avaient de belles moustaches roses.

Les plus hardis des garçons commencèrent à taquiner les fillettes, à les pincer, à les tirer par le bras ; puis ils les empoignèrent et vinrent se mêler aux danseurs. Et quand les danses finissaient, ils faisaient comme les grands : chacun embrassait sa danseuse, et même, si elle résistait, lui sautait à la tête, comme si ses joues eussent été cerises.

Quand ils furent fatigués, ils se muent à se moquer du bossu ; mais la mère Bernou leur fit de gros yeux, et ils s’en allèrent dans la cour.

Un moment après, Séverin, qui venait de voir les joueurs, entendit des rires derrière la barge ; il s’avança : un litre vide traînait sur le foin et un peu plus loin deux gamines faisaient des culbutes ; une autre, tout à fait ivre, tombée la tête en bas, agitait ses jambes nues. Et deux petits d’une dizaine d’années étaient là, morts de rire, les yeux pleins de larmes ; ils s’étaient accroupis pour mieux voir, et ils appelaient du geste les camarades qui se poursuivaient à l’autre bout de l’aire.

Dans la grange, à une petite table, que l’on avait