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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/87

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Séverin et Delphine avaient profité du bruit pour s’en aller. Dans la nuit douce, toute criblée de fraîches étoiles, ils se hâtaient vers le Bas-Village. Ils y avaient loué une maison, une pauvre petite maison bien ancienne que l’on n’habitait plus guère. Quand ils eurent poussé la porte, il en sortit une haleine noire ; l’ombre y était épaisse et lourde. Delphine se serra contre son mari.

— Crois-tu que je suis bête ! dit-elle ; je n’ai pas pris de lanterne, et je parie qu’il n’y a pas de chandelle ici. Séverin fit flamber une allumette ; il n’y avait pas de chandelle, en effet.

— Nom de nom ! Comment faire ?

— Ah bah ! voici le buffet, nous allons mettre nos hardes dessus ; nous les retrouverons bien demain matin.

Elle parlait bas, avec une voix courte, et se déshabillait déjà. Séverin, à la lueur d’une seconde allumette, la vit décoiffée et en jupon ; il s’avança pour une caresse.

— Non ! non ! laisse-moi ! dit-elle ; les autres vont venir, dépêchons-nous.

Elle se glissa au lit ; Séverin se déshabilla vite aussi, puis, à tâtons, la chercha.

Elle se reculait, les mains tremblantes.

— Laisse ! laisse ! ils vont venir nous apporter la soupe ; ils sont tellement soûls… J’ai gardé ma camisole et mon jupon.