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Page:Pérochon - Les Creux de maisons.djvu/97

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Et, pour la faire rire, il fit semblant d’aller le chercher tout de suite au grenier.

Cependant une inquiétude lui venait : elle avait été malade, l’autre fois, pendant les premiers mois ; en serait-il de même cette année, pourrait-elle au moins rester chez les Pitaud jusqu’à la Saint-Michel ?

Ils achevèrent de s’habiller en silence et s’en allèrent à la messe ; dès qu’elle fut dite, ils quittèrent le bourg ensemble. D’habitude, Séverin ne s’arrêtait point dans les auberges, mais il revenait au village avec les hommes pour parler des fourrages et des emblavures.

Ce jour-là, son idée n’était pas dans les travaux des métairies ; son inquiétude persistait.

Pourtant, quand ils eurent mangé, Delphine et lui, et qu’ils furent dans le jardinet devant la porte, le temps était si doux, qu’ils se prirent à espérer et déraisonnèrent. Delphine, à l’ombre d’un pommier, disait :

— Ce sera vers le mitan de carême ; tant mieux ! l’hiver sera passé ; il faudra moins de bois et je serai plus vite forte ; nous l’appellerons François.

Séverin, au milieu d’un carré d’oignons qu’il sarclait, hocha la tête :

— Oh ! tu n’es pas aimable ! Nous l’appellerons Delphine !

Quand il fut au bout du sillon, il jeta sa poignée d’herbe et s’assit auprès de sa femme.

— Nous l’appellerons Fifine, si c’est une fille, répéta-t-il ; je le veux absolument.

— Oui, mais ce sera un garçon ; il faut que ce soit