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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/130

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LES GARDIENNES

canal. Une gerbe d’eau jaillit, puis retomba sur les épaules de Francine qui se retourna, s’efforçant de prendre un air très sévère. Elle ne savait plus bien quelle contenance tenir avec cet enfant dont les mauvais tours ne se comptaient plus. Les dures paroles de la Misangère lui revinrent à l’esprit et elle songea encore que, sans doute, elle partirait bientôt.

Maxime se sauvait en riant aux éclats ; il cria :

— Quand l’oncle Georges reviendra, je ne lui dirai plus que tu crains l’eau… On te voit toujours sur ce bateau, à présent !…

Francine détourna la tête en rougissant : ce diable d’enfant disait la vérité, pourtant ! Quand, à la Cabane, elle disposait d’un moment de liberté, sans y songer, elle venait à cette place où elle se trouvait mieux que partout ailleurs…

Georges était assis là, précisément, lorsqu’il lui avait dit son chagrin de partir, lorsqu’il lui avait demandé d’une voix inquiète :

— Serez-vous encore là, Francine, à mon retour ? Resterez-vous servante chez nous ?

Il avait posé cette question sur un ton qui ressemblait à un ton de prière. Elle avait répondu :

— Je resterai !

Lui, sans doute, avait parlé à la légère. Son émotion, visible, s’expliquait aisément : ne retournait-il pas à la bataille ? Maintenant, il n’y pensait plus…

Elle, au contraire, s’était engagée, véritablement.

Elle s’était engagée !… et, déjà, elle avait songé à manquer à sa promesse, songé à partir !… Non ! elle ne partirait pas ! Du reste, elle sentait bien