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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/149

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LES GARDIENNES

Le vieux se levait, s’habillait en hâte. Et tous les deux se dirigeaient vers la porte ; lui, courbé, jambes flageolantes, elle, amaigrie également, mais droite, se raidissant contre toute faiblesse et contre toute inopportune pitié.

Au-dessus de la cheminée, une figure pâle surgissait dans la froide lumière du matin. Du haut de son cadre, l’officier regardait les deux vieillards monter au calvaire du travail ; et ses yeux altiers semblaient surveiller l’accomplissement d’un grand devoir austère.

Ce fut chez sa fille, au Paridier, que le père Claude tomba ; et sa longue carrière de serviteur de la terre se termina ainsi à l’endroit même où elle avait commencé. Les jours précédents, il était allé battre chez les voisins, mais il avait ménagé ses forces, se sentant à bout cette fois et malade. La campagne de batterie devait s’achever chez sa fille ; il comptait bien tenir sa place durant cette journée encore ; ensuite, il se reposerait un peu.

Le matin, lorsqu’il sortit de sa maison, la vivacité de l’air le surprit et, pendant quelques secondes, il pensa choir. Hortense se trouvait à côté de lui ; ils’acerocha à son bras.

— Qu’as-tu donc ? demanda-t-elle.

— Rien ! répondit-il ; ce n’est qu’un petit berlutement de l’air devant mes yeux. :

En ce jour important où, plus que jamais, sa présence était nécessaire, il n’osait se plaindre. Hortense comprit pourtant, d’autant mieux qu’elle-