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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/174

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LES GARDIENNES

Lucien reparut à ce moment-là.

— Vous m’envoyez me reposer, dit-il, mais comment dormirais-je au milieu de tout ce bruit que vous faites ?

Il vit sa sœur effondrée, Francine toute tremblante, les bras ballants. Ses sourcils se froncèrent, ses minces narines palpitèrent et blèmirent ; il se raidit, parla en chef de famille chargé de responsabilités.

— Qu’as-tu donc ? demanda-t-il à sa sœur, assez doucement encore. Es-tu malade, réponds !

Comme elle continuait à sangloter, il perdit patience et lui secoua l’épaule.

— Cesse tes giries ! dit-il ; si tu ne veux plus m’aider, au moins laisse-moi la paix !

Puis, tourné vers Francine :

— Quant à vous, si vous venez ici pour harceler ma sœur, pour la faire pleurer et lui faire perdre son temps, je vous ai assez vue : allez-vous-en !

La lettre de Georges était fort brève : deux lignes griffonnées à toute vitesse sur un petit carré de papier jaunâtre. Ni date, ni signature ; simplement ces mots :

« Toutes les permissions sont suspendues ; nous nous embarquous tout à l’heure pour une destination inconnue. »

Dix jours plus tard seulement, arrivèrent d’autres lettres semblables : une à Château-Gallé, une à la Cabane, une aussi pour Marguerite Ravisé et son frère. Ces lettres avaient été retardées par ordre