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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/176

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LES GARDIENNES

V


Un hiver triste s’étendit sur la plaine monotone, graissée de brouillards ; un hiver pluvieux noya toutes les basses terres. Parmi le glissement infini des nuées, la droite clarté trouvait rarement passage ; l’eau trouble du Marais ne luisait pas.

Sur le pays, un hiver triste, déversant ses lourds vaisseaux d’ennui ; au cœur des gens, toujours cette pesante angoisse de la guerre.

À Château-Gallé, le père Claude ne souffrait plus beaucoup. Non qu’il fût guéri, certes ! il n’y avait même point apparence qu’il pût guérir un jour, mais la douleur avait peu à peu diminué.

Le bonhomme, à présent, descendait de son lit et, s’aidant de deux cannes, gagnait son fauteuil au coin du feu ; il s’établissait là pour somnoler, gémir et aussi chanter les litanies à la Misangère quand elle se trouvait à portée de sa voix.

— Hortense ! c’est ta faute ! Tu nous feras tous périr, Hortense !

Sa grande joie était de voir Maxime, son petit-fils, mais on laissait rarement l’enfant auprès de lui car il le catéchisait de belle façon ! Il se faisait raconter les derniers tours, s’esclaffait aux bons