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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/248

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LES GARDIENNES

Un dimanche, avec la permission de sa patronne, elle entreprit un voyage à la ville. Elle y entendit la messe dans une grande et riche église dont les vitraux resplendissaient sous la lumière d’été ; et il y avait là des gens en toilette impressionnante, Francine trouva une petite place au dernier rang et s’efforça de mener sa pensée en prière, mais elle se sentait mal à l’aise, chétive, dépaysée dans cette église trop belle.

Elle sortit une des premières ; puis, comme si elle n’était venue à la ville que pour cela, elle monta vite vers l’Hospice.

C’était jour de visite ; sous le porche, devant le pavillon de la sœur tourière, des gens s’expliquaient. Comme ils n’en finissaient pas, Francine perdit patience et partit seule à la découverte, par les cours et les jardins, entre les tristes bâtiments.

Elle rencontra sœur Angélique dans un pavillon où l’on soignait des enfants nouvellement opérés. La religieuse était seule dans un petit réduit qui servait de lingerie ; devant elle, sur un guéridon, elle avait étalé des morceaux de papier finement découpés en dentelle et les admirait.

Toute vieille qu’elle était, elle se leva à l’approche de Francine et fit un pas en avant pour l’accueillir. Puis elle la pria de s’asseoir et la regarda attentivement dans l’espoir de la reconnaître.

— Je suis Franeme Riant… que vous avez soignée … Francine Riant de l’Assistance.. Je suis venue vous voir ici, l’année dernière.

Sœur Angélique n’entendit rien qu’un vague mur-