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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/63

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LES GARDIENNES

beaucoup durant la première semaine, le gendre ayant donné la direction.

À la Toussaint, Christophe, le petit valet, quitta la ferme. Antoine, de son côté, avait bien des fois parlé de s’en aller ; il n’était ni assez docile ni surtout assez courageux pour se plaire là où la Grande Hortense menait le train. Il resta pourtant. Clovis, pendant sa permission, l’avait gagé pour toute l’année suivante ; il lui donnait un gros prix, certes ! mais qui n’avait cependant rien d’exagéré pour l’époque. Sans aucun doute, le valet eût trouvé ailleurs les mêmes avantages. Sa décision parut quelque peu surprenante ; le père Claude lui-même s’en étonna. La Misangère ne disait pas, là-dessus, ce qu’elle pensait.

Durant tout cet hiver, Antoine travailla avec entrain. Il s’occupait de tout, revenait des champs pour soigner les bêtes ; le dimanche, au lieu de s’absenter comme à l’habitude, il restait faire le bon valet autour de l[a maison ; il tirait l’eau, sciait le bois, jardinait ; parfois même il emmenait avec lui le petit de Solange et s’ingéniait à l’amuser.

Le père Claude, se laissant prendre à ce nouveau jeu, parlait avantageusement du valet. Le bonhomme, d’ailleurs, passait beaucoup de temps à la Cabane. Puisque le travail se faisait à peu près bien au Paridier, il lui semblait juste en effet d’aider la bru qu’un rhume interminable fatiguait beaucoup ; surtout il y avait là, Maxime, le mauvais garçon, auprès de qui le grand-père oubliait un peu les chagrins de l’heure.