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Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/98

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LES GARDIENNES

Marguerite, parfois, lisait à Francine les lettres de son père. Un dimanche de mai, elle lut aussi une lettre que Georges lui avait adressée. C’était une lettre un peu puérile et qui ne faisait pas beaucoup réfléchir ; elle finissait cependant par une nouvelle importante.

« Si les Boches se conduisent bien à notre égard, écrivait Georges, j’irai sans doute vous voir dans une quinzaine afin de vous remonter un peu je moral, à tous… »

Marguerite n’essayait pas de cacher sa grande joie ; Francine l’écoutait avec un peu d’envie.

Cette quinzaine fut dure pour Francine et, d’ailleurs, pour tout le monde au Paridier. C’était le moment des foins ; des orages fréquents vinrent terriblement compliquer ua travail déjà quasi impossible par temps ferme. Cependant personne ne se plaignait trop fort. Le père Claude, uu moment très abattu par la mort de son fils cadet, s’était peu à peu remis à l’ouvrage ; la grande fatigue endormait sa peine. Maintenant, pour lui donner courage, la Misangère disait :

— Encore quelques jours et nous verrons notre Georges.

Le bonhomme, harassé, se redressait un peu et répétait :

— Oui… heureusement, Georges va venir !…

Comme ce n’était pas encore le temps de faucher au Marais, la bru, à peu près guérie et toujours de bonne volonté, venait souvent au Paridier, dans l’après-midi, donuer un coup de main. Maxime l’ac-