Aller au contenu

Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

brique ; ils prônaient l’autorité sous toutes ses formes, même les plus justement périmées, et ne visaient à rien moins qu’à l’abolissement de toute liberté individuelle, à l’instauration d’un gouvernement autocratique formidablement armé, en somme au renforcement soudain et brutal de l’organisation actuelle.

Lahorie ayant pris délibérément la tête du mouvement parallèle, Harrisson fut, par la force des événements, l’un des candidats les plus en vue des listes méridiennes.

Il ne lui déplaisait pas de se trouver en face de Lahorie, contre qui il éprouvait un ressentiment très vif ; mais, bien vite, il se sentit prisonnier de ses troupes.

Harrisson pensait que ni l’ordre ni la justice n’avaient jamais été de véritables panacées.

La vérité devait se trouver loin de tout absolu. Sans doute la vie sociale ne pouvait-elle se maintenir que par une succession ininterrompue de réactions d’équilibre, où l’emportait, tantôt un principe, tantôt l’autre.

Mais ce conflit millénaire et toujours renaissant de l’individualisme et d’une morale sociale aux dures obligations lui semblait, d’ailleurs, avoir perdu beaucoup de son importance.

La question scientifique dominait tout.

Au-dessus des partis acharnés à des discussions byzantines, une menace immense pouvait surgir et emplir soudain tout l’horizon. Il fallait songer à l’écarter.

Et c’était là tout le programme de Harrisson.

Il avait compté qu’on le laisserait développer ce programme librement, posément, avec la sérénité