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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/108

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

lement dépourvus de ce courage agressif, de cette férocité que l’on attribuait — peut-être gratuitement — à l’homme préhistorique. Ils se montraient doux, paresseux et gais ; ils étaient, surtout, très sensibles aux caresses et susceptibles d’attachement profond. Flore s’attristait loin de Lygie, et toute absence un peu longue de Harrisson faisait naître chez Samuel une visible anxiété. Aussi avait-il fallu, sous peine de voir dépérir les deux enfants, les amener au Refuge.

Flore et Samuel venaient jouer jusque dans le laboratoire souterrain. Malheureusement, cela n’allait pas sans quelque danger.

Les deux savants poursuivaient en effet l’étude des systèmes d’origine éthérée, grâce auxquels ils obtenaient des formes toujours nouvelles de vie artificielle. Les formes tumultueuses attiraient particulièrement leur attention. Depuis longtemps déjà, Lygie avait constaté, au voisinage des tourbillons regradateurs, l’apparition fréquente de telles formes dans le protoplasme doué de vie ordinaire. Au cours de ses plus récentes recherches, elle avait vu, en outre, des colonies microbiennes d’espèces très éloignées subir, sous l’influence d’infimes noyaux tumultueux, des métamorphoses étranges, perdre tous leurs caractères singuliers, tendre vers un type moyen et stable. Ce métissage rendait plus longue l’existence de l’individu mais, en revanche, diminuait fortement l’aptitude à la reproduction.

Les tourbillons féeriques de Harrisson, qui semblaient renverser, — entre des limites sans doute fort étroites et encore mal déterminées, — l’ordre chronologique des phénomènes, avaient donc aussi pour effet probable de remonter le cours de l’évolu-