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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/110

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

à les habiller de la sorte. Il n’était cependant pas toujours facile de les faire sortir pendant les manipulations dangereuses. Harrisson leur aménagea donc, au fond du laboratoire, une sorte de réduit qu’il ferma par un rideau isolant translucide. Au signal du savant ou de Lygie, les deux enfants se précipitaient dans cette petite cachette et, derrière le rideau retombé, ils continuaient leurs jeux sans s’éloigner de leurs maîtres.

Aucune personne étrangère ne pénétrait dans le laboratoire ; les deux vieux domestiques eux-mêmes n’en approchaient pas.

Harrisson et Lygie gardaient secrets leurs travaux comme ils gardaient secret leur nouveau bonheur. Ils se mettaient rarement en communication avec les Nouvelles Générales ; les bruits inquiétants du dehors mouraient au seuil de leur maison. Leur amour ensoleillait toutes les heures.

Trois mois passèrent ainsi, les meilleurs de leur vie. Trois mois de labeur ardent et tranquille, de recherches minutieuses et pourtant exaltantes.

Et puis, ce fut l’accident…

Lygie avait l’espoir d’être mère. Craignant une imprudence, Harrisson ne la laissait jamais seule au laboratoire. Mais, un matin, une brusque indisposition le retint au lit. Contretemps d’autant plus fâcheux que l’on devait, ce jour-là, constater le résultat d’expériences importantes. Vers le soir Lygie n’y put tenir. En cachette, elle descendit au laboratoire et, dans sa hâte, revêtit par mégarde une blouse quelconque, inutilisée depuis longtemps. Puis elle prépara un microscope et souleva une cloche de sûreté. Une surprise l’attendait. Harrisson avait employé pour la chiquenaude initiale, deux générateurs voisins ; or, dans la zone, où pen-