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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/115

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I

L’ORDRE NOUVEAU


Les conséquences de la victoire des parallèles se développèrent d’abord assez lentement. Trois ministres seulement tombèrent, au lendemain des élections : le ministre des Réjouissances publiques, celui des Transports aériens et celui de la Météorologie.

Les cinq directeurs inamovibles du Conseil Suprême demeuraient, pour le moment, au-dessus de la mêlée.

Au Parlement, où les partis s’affrontaient avec vivacité, on parlait beaucoup plus qu’on n’agissait. Aux lentes discussions techniques qui, durant cinq siècles, avaient occupé une assemblée un peu somnolente, succédaient de bruyantes oppositions doctrinales, un tumulte de harangues passionnées hachées de continuelles interruptions. Les conflits sentimentaux enfiévraient le moindre débat. L’éloquence politique réapparaissait, joyeuse, âpre, féroce. Des jeunes gens, inconnus la veille et souvent peu cultivés, retrouvaient, comme par miracle, la tradition oratoire des grands tribuns populaires, l’enthousiasme forcené des apôtres fanatiques de l’âge chrétien, entraîneurs d’hommes. D’autres, qui n’avaient que le coup de gueule des trublions, faisaient néanmoins leur partie dans ce concert ; tels,