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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/120

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

Cela impliquait, bien entendu, le droit et même le devoir d’entretenir des forces autonomes de protection, une police locale chargée de veiller à l’ordre intérieur.

En même temps que se préparait un tel bouleversement, l’exécutif menait campagne contre les directeurs dont on prévoyait la résistance. Campagne sournoise, investissement souterrain. Endémios, régent des Nouvelles Générales, manœuvrait avec une habileté tortueuse.

Le Conseil Suprême, fidèle à sa politique séculaire de temporisation, hésitait avant de s’engager à fond. La promulgation des nouvelles lois organiques qui prétendaient instituer le fédéralisme lui offrit enfin l’occasion de réagir avec netteté ; il opposa, à la mise en application de ces lois, un veto catégorique. L’indignation fut vive parmi les masses populaires. Un plébiscite, organisé sans retard, dans les formes constitutionnelles, donna une majorité écrasante aux partisans du fédéralisme.

Battu, le Conseil Suprême ne céda cependant point. Au cinquième plébiscite, il demeurait encore sur ses positions, n’opposant, d’ailleurs, que la force d’inertie aux désirs imprudents de la majorité.

La situation apparaissait sans issue prochaine, et des troubles semblaient à craindre.

La mort, à huit jours d’intervalle et dans des conditions assez singulières, de deux directeurs, changea la face des choses. L’élection des remplaçants eut lieu dans les formes légales ; mais enlevée vivement et par surprise, elle amena au pouvoir un jaune d’Asie et un blanc sud-américain, tous les deux de l’Académie de philosophie spiritualiste, personnages de second plan, tirés de l’ombre depuis peu, et grâce aux intrigues d’Endémios.