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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/141

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LA MÊLÉE

borner à la protection des non-belligérants, à la sauvegarde des établissements mondiaux d’Afrique, centrales du réseau universel, postes cinétéléphoniques et de météorologie générale, voies de grande communication.

Le coup d’État avait pris soixante heures à peine. Pendant ce temps, les hostilités, un moment interrompues par l’intervention des universels, s’étaient rallumées avec violence.

Dès la nuit du 14 au 15, avant même que fût connue la destitution des directeurs, le vol des avions-torpilles recommençait au-dessus du continent. Les chefs de guerre abandonnaient provisoirement la lutte par avions montés parce que trop lente et trop peu efficace ; elle reprenait seulement du fait de certains partisans, friands d’exploits individuels.

Les engins automatiques aériens voyageaient sans cesse, invisibles, silencieux et rapides. Des ingénieurs, à mille lieues de distance, les dirigeaient par les régions désertes du ciel ; ils les ramenaient aisément dans le plan de départ lorsqu’un accident les faisait dévier ; avec une précision redoutable, ils en provoquaient la chute et l’explosion au point visé. La sécurité n’existait nulle part, et toute la population était exposée. Au-dessus des habitations clairsemées des réseaux secondaires, tout aussi bien qu’au-dessus des alignements surpeuplés des grandes zones, les nuées s’ouvraient tout à coup, et le feu du ciel frappait les hommes. Comme semées par une main diabolique, les torpilles s’égrenaient de distance en distance sur toute l’étendue du territoire ennemi et même sur les eaux nationales. En quelques minutes, une région était entièrement bouleversée.