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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/166

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

cœur des peuples nouveaux, ce cœur toujours rustique, toujours orageux, étonnamment arriéré.

Les deux gouvernements méridiens d’Europe et d’Asie qui, avant la guerre, avaient recueilli de nombreux émigrés africains se trouvaient dans une situation privilégiée. Ouvertement, ils favorisaient le retour des émigrés et les soutenaient dans leurs revendications les plus audacieuses. En même temps, ils encourageaient, dans tous les pays du monde, une propagande méridienne intense.

Le parti parallèle, en effet, directement responsable de la guerre africaine, ne sortait pas grandi de l’aventure. Partout où il détenait le pouvoir, les minorités brimées s’enhardissaient, regardaient vers l’Europe orientale et l’Asie centrale, vers la double citadelle d’où l’esprit méridien recommençait à rayonner sur le monde.

En Afrique, dès le 25 août, à l’arrivée des universels, toute apparence de gouvernement s’était évanouie. L’organisation des premiers secours avait dû se faire du dehors, un peu au hasard, aucune autorité locale ne se trouvant là pour offrir sa collaboration. Mais bientôt, on avait entendu la voix impérieuse des émigrés. Bien que la plupart d’entre eux fussent naturalisés Européens ou Asiatiques, ils prétendaient parler au nom de leurs compatriotes africains et se substituer aux autorités parallèles défaillantes.

En Afrique du Sud, leur succès fut immédiat et fort aisé.

Après un simulacre de consultation populaire, un triumvirat provisoire prit le pouvoir et chargea une commission législative, composée exclusivement d’anciens émigrés, de jeter les bases d’une constitution nouvelle. Épuisée, inerte au milieu de