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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/169

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LA MÊLÉE

Aussitôt, des sociétés privées entrèrent en jeu. Il s’agissait, en réalité, d’entreprises nationales subventionnées plus ou moins franchement par les différents gouvernements. Chaque pays poussait les siens, cherchait à se tailler une zone d’influence, à créer, sous une forme ou sous une autre, une colonie africaine. Les deux gouvernements méridiens, qui avaient partie liée avec le triumvirat, furent vite en mesure d’évincer leurs rivaux. Les Américains du Sud, les Australiens et les Européens occidentaux en appelèrent alors à la Commission d’arbitrage. Par malheur, ils n’attendirent point sa décision ; aussitôt formulée leur réclamation, ils réagirent directement. Leurs agents propagandistes réussirent à soulever, contre les ingénieurs, les ouvriers subalternes des constructions provisoires ; si bien que les matériaux, arrivés cependant à pied d’œuvre, demeurèrent encore inutilisés.

La querelle, d’ailleurs, eut une répercussion violente dans les deux pays méridiens. Des grèves à tendance politique éclatèrent et le mouvement atteignit peu à peu une ampleur considérable. Les sous-agents des transports et de la météorologie, les gens de maison, le petit personnel des centrales, les vitrificateurs se joignirent tour à tour aux ouvriers du bâtiment. Ce fut, en Europe orientale et en Asie centrale, une mobilisation de tous les éléments agressifs de la minorité parallèle.

Malgré les encouragements venus de l’étranger, les grèves échouèrent. Réagissant avec énergie, par leurs milices composées d’hommes sûrs et par les grandes associations agricoles et distributrices qui menaçaient d’affamer les parallèles, les gouvernants désagrégèrent le bloc ennemi et brisèrent le mouvement.