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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/174

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

se heurtaient comme partout les deux grands courants d’opinion, étaient paralysés.

Cependant, on se refusait toujours à envisager l’éventualité d’une guerre véritable. La claire vision du danger ne s’imposait point aux foules ; elle échappait même à d’assez bons esprits. Le chauvinisme national, cause directe de la récente catastrophe, étant masqué par la passion politique, on ne voyait dans les discordes actuelles que les conséquences d’une agitation un peu vive des partis. On maudissait la guerre ; et, aux Nouvelles Générales, les prêches pacifistes alternaient curieusement avec les discours enflammés des plus imprudents polémistes.

D’heure en heure, le mal empirait. Ce qui subsistait des organismes internationaux disparaissait ou était voué à une complète impuissance. La police universelle, travaillée par la propagande des deux partis, constituait plutôt un élément de désordre. Le moindre incident pouvait avoir un retentissement énorme.

Si aucune action de guerre véritablement importante ne s’engageait encore, la lutte, cependant, débordait partout le cadre national. Les protestations diplomatiques se multipliaient au milieu de l’inattention générale. La partie ne se jouait plus entre pays rivaux, mais entre champions de deux camps qui englobaient toute la population mondiale. Des Asiatiques et des Européens étaient mêlés aux discordes américaines ; des Américains et des Australiens menaient la lutte contre les dictateurs méridiens de l’ancien continent. Endémios, qui se cachait parmi la population parallèle brésilienne, était enlevé par des aviateurs jaunes au service du triumvirat africain ;