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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/177

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LA MÊLÉE

rait purifiée, pourvue de disciplines nouvelles et salutaires !

On se refusait à avouer l’état de guerre.

La situation, il est vrai, était sans précédent. Ni les médiocres aventures nationales de l’ère préscientifique, ni les anciennes discordes religieuses ou civiles, ni la grande guerre mondiale du crépuscule chrétien, ni même la récente guerre africaine ne pouvaient se comparer à cette effervescence totale, à ce duel étrange où les deux partis étaient partout en contact et dans l’impossibilité de prendre du champ.

La première période de la lutte fut chaotique. Aucun plan d’ensemble, aucune discipline, aucune suite logique dans la conduite des opérations. Des chefs d’un jour surgissaient soudain et, aussitôt débordés, replongeaient dans l’obscurité ; des groupements affolés passaient de la terreur à une fureur aveugle ; on constatait de brusques paniques et des ruées barbares, de hideuses trahisons et des dévouements sublimes, un halètement formidable des masses, entraînées par des forces en apparence fatales, vers d’inconcevables aventures.

Les événements s’enchevêtraient inextricablement dans l’espace et dans le temps. Ils déroutaient toute prévision. Alors que des tentatives importantes échouaient, il n’était pas rare de voir des chocs légers se répercuter étrangement, la violence se propager par ondulations d’amplitude croissante.

Pendant cette période, dont la durée n’excéda pas quinze jours, toutes les formes de combat furent employées et toutes les armes ; à l’exception pourtant de l’arme mystérieuse qui, dans la récente guerre africaine, avait frappé le monde d’une subite