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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/180

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

gration instantanée. La violence des explosions rendait toute défense inutile et l’assaillant frappait à coup sûr. Les alignements importants du réseau principal croulaient les premiers ; puis, venait le tour des habitations isolées, bâties en chapelets irréguliers le long des lignes secondaires. La destruction appelait la destruction ; la première maison tombée, le sort des autres était fixé sans appel ; en quelques heures, elles disparaissaient.

Les grottes de secours n’offrant, en cette guerre étrange, qu’une sécurité illusoire, la population sans abri se dispersait entre les zones et fuyait, dans l’espoir toujours déçu d’aborder au loin à des rivages paisibles.

L’extrême souffrance ne calmait point les haines ; le désir de vengeance dressait les uns contre les autres des groupes d’errants qui n’avaient plus rien à perdre que la vie. Ceux qui possédaient encore des armes modernes faisaient le vide autour d’eux et, bientôt, s’entre-détruisaient. D’autres, complètement démunis, luttaient comme des primitifs ou des fauves. Il y eut, dans la profondeur des campagnes, des rencontres où la ruse et la force reprenaient tous leurs droits, des rencontres dignes de l’âge des cavernes, où la rage des vainqueurs s’assouvissait par le massacre des mâles.

La guerre aérienne, universelle et continue, était plus meurtrière encore que la guerre terrestre. Une immense nuée d’oiseaux de combat entourait la planète. Cent millions d’appareils, peut-être, avaient pris leur vol. Les fuyards étaient sans doute assez nombreux parmi ce peuple de l’air, mais on y trouvait aussi les partisans les plus acharnés, tous les miliciens nationaux empoisonnés de vanité guer-