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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/194

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

pagnons domestiqués de ces demi-dieux, dont, grâce aux ressources subtiles de la science moderne, on croyait retrouver des traces confuses, dans les abîmes du Pacifique, au voisinage de l’île de Pâques.

Vingt jours après l’apparition du premier système éthéré d’Australie, on ne pouvait plus guère compter que trois ou quatre cents millions d’hommes à peu près valides.

L’affolement était à son comble. Tous les groupements se désagrégeaient. Certains individus, leur capacité de souffrance dépassée, ne réagissaient plus. Les consciences chaviraient au vent de l’horrible ; les cas de folie spontanée et les suicides se multipliaient parmi la population indemne.

Tout travail était à peu près suspendu. Cependant, les centrales productrices d’énergie fonctionnaient encore. Stoïques, l’âme fermée, cramponnés à leur consigne comme à leur seule réalité stable, quelques douzaines d’ingénieurs, disséminés sur la planète, veillaient au feu sacré, maintenaient, pour l’avenir incertain de la race, la puissance de l’homme moderne. De formidables excitateurs, réglés pour une marche de plusieurs mois, envoyaient toujours autour de la planète des torrents d’énergie.

Leur arrêt brutal, entraînant la destruction des zones, eût, certes, en grande partie, désarmé les hommes ; mais, d’autre part, c’était une entreprise difficile et hasardeuse. Une disette générale ne pouvait manquer de suivre ; le monde serait, pour longtemps, replongé en pleine barbarie. Aucune autorité internationale n’existant plus, personne, d’ailleurs, n’était en mesure de coordonner les gestes de destruction qui eussent été, peut-être, les gestes sauveurs.