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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/199

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LA MÊLÉE

Harrisson sentit s’allumer en son cœur une vacillante lueur d’espoir. Et il continua, avec des gestes lents de magicien, l’incantation guérisseuse :

— Regardez vers nous ! Écoutez notre voix !… Que ceux qui nous entendent répandent autour d’eux la bonne nouvelle !… Après de longues recherches, nous avons trouvé le remède souverain ! Nous avons chassé à tout jamais l’épouvantement féerique… Nous donnons au monde la paix et la sécurité !… Depuis plusieurs heures, déjà, l’arme est tombée des mains des fous et des méchants. S’ils tentaient de la ressaisir, nous les punirions avant que leur geste fût accompli ; ils en seraient les premières, les seules victimes… Il n’y a plus de méchants, il n’y a plus de fous !… La guerre est morte !… Sécurité pour tous !

Il s’arrêta une minute. Le souffle des foules passa en acclamations confuses, en soupirs de soulagement et d’extase.

— La paix !… La paix !… Nous voulons vivre !… Parle-nous ! Sois notre guide !

Du geste, il demanda encore le silence.

— Nous, physiciens du 4.48, acceptons d’être votre conseil provisoire… Regardez vers nous ! Écoutez avec attention !… L’heure de la folie est passée ; il fait clair sur le monde !… Ayez confiance ! Que chacun regagne son poste de paix, fasse les gestes de paix, retrouve son âme de paix… Les laboratoires encore debout doivent être, sur-le-champ, abandonnés… Les imprudents qui y demeureraient seraient exposés à une mort affreuse ; il ne nous serait pas possible de les sauver… Les agents des centrales qui, jusqu’à ce jour, sont restés vaillamment à leur poste, s’éloigneront également des excitateurs et se mettront en communication avec