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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/212

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LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

toute part, des vibrations inconnues convergeaient vers lui.

Quelques sensations se précisèrent. Une souffrance humaine, étroite, aiguë, perça, comme un rayon, son angoisse vague : il entrait en communication avec Lygie. Il vécut l’horrible scène, perçut la fureur des assaillants, la démence de Sylvia ; des doigts aux ongles pointus le cravatèrent ; la poitrine défoncée, il râla… Puis une horreur indicible fit tressaillir toutes ses fibres… Enfin, un choc au front le plongea, pendant quelques secondes, dans une complète nuit.

L’avion tombait ; il se redressa soudain, monta presque verticalement, à grande vitesse.

Une main crispée sur le gouvernail, Harrisson fuyait la terre des hommes stériles. Toute souffrance de nouveau concentrée en son cœur, il fuyait la terre, d’où montait vers lui la rumeur immense et unanime des malédictions.

Il acheva de mourir aux déserts vertigineux du ciel, dans le fracas d’une désintégration explosive. Il y eut une grande flamme dévorante. Des gaz lourds et des cendres descendirent lentement se mêler aux nuées.