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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/221

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UNE GENÊSE

éperdument devant des brutes à face humaine.

Les hommes étaient abominables, mais les femmes étaient pires. Elles en arrivaient tôt ou tard à une frénésie sanguinaire, à des accès de rage véritable. Le vice hilarant faisait chez elles de terribles ravages ; et, souvent, dans le silence des nuits, on entendait des rires lamentables, des appels nostalgiques, des cris rauques et d’une infinie tristesse, par quoi elles se conviaient mutuellement à des étreintes désespérées. Parfois, groupées en bandes, elles traquaient les mâles isolés, les frappaient avec une cruauté inouïe et les mutilaient. Presque toutes s’adonnaient ouvertement à la bestialité.

Il s’en trouvait, de temps en temps, pour simuler la grossesse ; à demi démentes, elles se donnaient le change à elles-mêmes et parfois réussissaient à persuader les autres. On les suivait alors, on les entourait de soins impérieux, on adorait leurs flancs sauveurs ; jusqu’au jour où, la supercherie découverte, on les écharpait férocement.

À mesure que les saisons succédaient aux saisons, sur toute l’étendue de la terre, le nombre des humains diminuait vite ; et les survivants, qui s’approchaient du terme fatal, sombraient dans la plus affreuse mélancolie et dans la débauche la plus immonde.

Les continents s’ignoraient. De région à région, il n’y avait que des échanges insignifiants, de lentes migrations de malades, des voyages d’agités, cheminant au hasard par les pistes les plus faciles.

Or, un soir d’été, sur la terre d’Europe, trois ribaudes presque folles, qui avaient, tout le jour, poursuivi un jeune garçon, s’arrêtèrent, stupéfaites, à la lisière d’une forêt…

Un couple sortait du couvert des arbres. L’homme