Aller au contenu

Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/30

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

contemporains et qui poursuivaient, dans le silence des laboratoires, leurs recherches désintéressées. Chacun de leurs gestes se répercutait à l’infini ; la découverte en apparence la plus insignifiante pouvait ébranler tout l’édifice social.

L’auteur classait les événements sur un plan nouveau, suivant leur portée véritable. C’est ainsi qu’au dix-neuvième siècle de l’ère chrétienne, il insistait assez peu sur l’effort d’émancipation des masses et sur les rivalités sentimentales des peuples ; la grande affaire, c’était l’éveil scientifique des races supérieures, l’utilisation — encore bien grossière — de la vapeur et de l’électricité. On trouvait d’ailleurs, au dix-neuvième siècle, une date capitale de l’histoire humaine. En l’an 1867, un savant français, Niepce de Saint-Victor, découvrait par hasard la radioactivité spontanée des sels d’urane ; et cette découverte, — qui passait, à l’époque, totalement inaperçue, — apparaissait maintenant au moins aussi importante que la découverte du feu par la horde primitive.

Le début du vingtième siècle marquait aussi une grande date. Un rêve millénaire se réalisait enfin : la navigation aérienne commençait. Navigation dangereuse, il est vrai, coûteuse, n’utilisant que des moyens grossiers et qui, malgré des progrès assez rapides, n’arrivait à jouer qu’un rôle secondaire dans la guerre européenne de 1914-1918.

L’historien mentionnait assez brièvement cette longue et sanglante échauffourée dont les causes semblaient, à distance, puériles et très confuses. Rien de bien nouveau d’ailleurs, pendant cette guerre : à peine quelques timides excursions d’avions dans l’arrière-pays, quelques tentatives féroces, mais maladroites, d’empoisonnement par les gaz.