Aller au contenu

Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
LES HOMMES FRÉNÉTIQUES

lit, dévasta la région la plus peuplée du monde.

La seconde période de la guerre s’acheva par cette noyade terrible.

À ce moment, cent millions d’hommes peut-être avaient déjà péri. Les réserves de toute sorte s’épuisaient ; le spectre de la famine apparaissait. Et pourtant, la fureur guerrière ne s’apaisait point. Les Asiatiques, surtout, étaient en proie à une rage insensée. Leurs savants cherchaient toujours le secret des ondes Roger ou, tout au moins, quelque riposte efficace ; leurs tribuns exaltaient l’orgueil de la race ; des poètes moribonds faisaient entendre des chants de démence.

Quand tout espoir de vaincre fut perdu, les Jaunes déclenchèrent la guerre microbienne. Des avions sibériens, débarrassés de leur armement et camouflés en ambulances, ensemencèrent l’Europe, l’Afrique, l’Amérique et l’Australie en espèces pathogènes soigneusement sélectionnées et d’une virulence inouïe.

Et ce fut la troisième époque de la lutte, de beaucoup la plus terrible.

Jusqu’alors, chaque fois qu’une attaque microbienne s’était produite, l’humanité avait assez facilement localisé le fléau. Mais cette fois, toutes les races étaient à bout de souffle, exsangues. La destruction générale des villes, l’anéantissement des hôpitaux et des principaux laboratoires eussent suffi à rendre inapplicable un plan méthodique de défense. Mais, en outre, les moyens de communications rapides manquaient. Les voies ferrées n’existaient pour ainsi dire plus ; les routes, coupées en bien des points, ne servaient qu’à de vieilles automobiles d’un très faible rendement ; les paquebots gisaient au fond des mers ; les avions même étaient