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Page:Pérochon - Les Hommes frénétiques, 1925.djvu/49

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HARRISSON LE CRÉATEUR

Les habitants de l’hémisphère Sud, moins nombreux que ceux de l’hémisphère Nord, puisant moins par conséquent aux réserves publiques de forces, réclamaient, exigeaient des compensations honorifiques. Dans une même région, des compétitions d’amour-propre ou d’intérêt faisaient naître des conflits analogues entre les usagers des lignes secondaires et ceux des grandes lignes. Au surplus, dans tous les pays du monde, une rivalité sourde, qui allait sans cesse s’aggravant, dressait les habitants des zones parallèles contre ceux des zones méridiennes. Rivalité si absurde que personne, au début, n’y avait attaché une grande importance. Mais le mot, peu à peu, avait créé la chose. Sans aucune raison sérieuse, les ouvriers des centrales industrielles, les fonctionnaires gens de maison ou manœuvres, les employés du bâtiment, les sous-agents météorologistes et ceux des transports aériens s’installaient de préférence suivant les parallèles. Au contraire, les grands agriculteurs, les ingénieurs, les agents des voies terrestres et maritimes, les fonctionnaires d’autorité, les ouvriers à domicile, les distributeurs et gardiens des stocks avaient la majorité sous les méridiens. Des différences de plus en plus nettes apparaissaient entre les deux groupes. Le goût de la lutte, cause inavouée et profonde, poussait à la scission, à l’hétérogénéité, à la formation de camps opposables. Et, malgré tous les efforts du pouvoir suprême, le mouvement s’accentuait rapidement.

Enfin, l’idée de patrie renaissait avec sa force d’antan.

À l’apogée de la civilisation chrétienne, la rapidité croissante des moyens de communication semblait devoir amener à la longue une fusion complète des