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HARRISSON LE CRÉATEUR

— Soyez tranquille ! on repousserait plutôt la fête de cent ans !

— Merci ! Vous êtes un grand savant adorable !… Je ne danserai pas pour la terre entière, mais pour vous !… pour vous !… Bonsoir !

Harrisson, du bout des doigts, avait envoyé un baiser. Sylvia disparut.

Dans un laboratoire voisin de celui du maître, Lygie Rod se penchait sur un microscope. À travers les vitres de la cloison, Harrisson l’aperçut. Il frappa légèrement et la jeune fille leva son visage masqué.

— Encore au travail ! s’exclama Harrisson. Ce n’est pas vous qui réclamerez jamais la journée d’une heure, comme font vos amis, les fonctionnaires gens de maison et les sous-agents des transports…

Lygie sortit dans le couloir et retira son masque. Ils parlèrent de la découverte nouvelle. La voix si calme de la jeune fille s’animait un peu ; sur ses lèvres, les mots techniques aux dures consonances prenaient une douceur inaccoutumée. Elle dit :

— Ce protoplasme tumultueux, c’est une chose… magnifique et folle !… une chose folle !…

— … et peut-être une chose terrible ! continua Harrisson.

— Peut-être terrible… oui !

Ils furent un instant songeurs, puis Lygie demanda :

— Vous allez sans doute faire une communication ?

— Non !… du moins, pas tout de suite… J’ai des